Un autre œil sur le mal de ventre
Maux de ventre, ballonnements, troubles du transit, tout le monde a déjà ressenti ces symptômes. Pourtant, sauf dans les cas où ils deviennent handicapants dans la vie quotidienne, ils sont souvent ignorés. Tout comme les caries, ces symptômes sont devenus « normaux » et perdent de leur impact. Il s’agit pourtant d’informations souhaitant vous indiquer les difficultés qu’éprouve votre organisme à accomplir une tâche. Aujourd’hui la médecine permet via la pharmaceutique et la chirurgie d’améliorer une grande partie de ces symptômes cependant il existe des thérapies alternatives qui méritent votre attention et l’ostéopathie en fait partie.
Alors vous allez me dire que l’ostéopathie s’intéresse essentiellement aux articulations et à la colonne vertébrale et non au ventre et aux viscères.
Il est vrai que l’ostéopathie, dans ses débuts, avait une approche très articulaire basée essentiellement sur les mobilisations et ce n’est pas sans raison. Je pense que des articulations saines, souples et sans tensions sont la base d’une santé de fer. Si vous regardez juste d’un point de vue anatomique, les articulations sont des points de passages des nerfs, des vaisseaux sanguins, des vaisseaux lymphatiques et des muscles. Leur état de santé influe donc sur toute les structures environnantes. La traitement du dos influe sur le ventre ne serait-ce que par l’amélioration de la circulation sanguine et la détente musculaire qu’il procure.
Cependant l’ostéopathie a évolué. Durant le XX siècle, elle a développé des techniques pouvant s’appliquer sur le crâne, ce sont les techniques dites crâniennes, et aussi sur le ventre, les techniques viscérales. Ces techniques sont douces et peuvent s’appliquer à tout âge. Elles permettent d’améliorer de nombreux symptômes dont les maux de ventre, les ballonnements, les troubles du transit mais aussi les douleurs du dos. Et oui, les ostéopathes ont remarqué que les traitements viscéraux amélioraient la mobilité du dos, diminuaient les tensions des épaules et du cou et agissaient sur certaines migraines. Le ventre est donc une zone cruciale dont l’influence n’est pas à prendre à la légère. C’est pourquoi l’ostéopathe vérifie à chaque consultation que le ventre soit souple, sans blocage ou tension, même s’il s’agit de lumbagos, de douleurs d’épaules ou de migraines.
Outre l’ostéopathie, la méthode Furter permet de bonnes améliorations dans beaucoup de ces gênes et douleurs car elle se préoccupe principalement des sensations du patient et de la place qu’elles occupent au niveau du corps mais aussi dans le quotidien.
Qu’est-ce qui rend le ventre si particulier ?
Une position
Ne serait-que sa place. En effet, il est situé au milieu du corps et c’est au niveau du nombril que se situe notre centre de gravité. Il peut ainsi agir sur notre posture mais celle-ci peut aussi agir sur l’abdomen. La position, qu’elle soit assise, voutée, droite, n’aura pas le même impact sur notre centre de gravité et nos muscles abdominaux.
Une concentration d’hémoglobine
Pour son bon fonctionnement, le ventre a besoin d’une énorme quantité de sang. Cette quantité est tellement importante que le corps doit en permanence faire un choix entre mettre le sang à disposition des muscles ou du ventre. Ainsi, le sang est distribué soit aux muscles si vous faites une activité physique ou si vous êtes sous l’action d’un stress soit au ventre si vous êtes au repos et que la digestion peut se faire. Quand vous y réfléchissez, c’est tout à fait logique, vous ne souhaitez pas fonctionner à bas régime si vous devez courir pour échapper à un lion. Non, vous souhaitez mettre toute la puissance dans les muscles pour augmenter vos chances de survie. Le ventre concentre donc une grande quantité de sang et c’est pourquoi le drainage de cette zone doit se faire correctement or des tensions qui peuvent apparaitre suite à un stress, un choc physique ou émotionnelle peuvent créer des crispations et des blocages créant ce que nous appelons des stases. La stase est un liquide immobile, comme un étang. Un sang stagnant est une mauvaise chose pour l’organisme car cela concentre les toxines, diminue l’apport en nutriment aux cellules et favorise la proliférations des bactéries. Vous pouvez comparez l’eau d’une rivière à celle d’un étang, si vous deviez étancher votre soif, je suis sûr que vous préféreriez la rivière.
Un lien avec le cerveau
Pour permettre ces migrations sanguines, il existe un lien qui rattache directement une grande partie du contenu du ventre au cerveau. Il s’agit du nerf vague, un nerf tristement célèbre pour être à l’origine des malaises vagaux. Ce nerf, un des plus longs du corps, a son origine au niveau du crâne. Il descend ensuite à travers le cou, suit l’œsophage et l’estomac pour se terminer aux viscères. Ce nerf permet de renseigner le cerveau de l’état du système digestif comme par exemple si l’estomac est plein, si le niveau d’acide est suffisant etc. Il permet aussi de donner des directives comme: accélère ou diminue le transit, produit plus ou moins d’acide ou de bile, etc. Mais comme vous avez pu le remarquer, certains états émotionnels comme le stress, la colère pour ne cité qu’eux peuvent influencer notre transit, notre façon de digérer. L’information qui transit par ce nerf n’est donc pas pas quelque chose de statique. En réalité ce nerf traite un ensemble d’information provenant de plusieurs zones car ce nerf ne se préoccupe pas uniquement des viscères, il doit également donner les informations provenant du cœur et des poumons qui eux même dépendent de votre état général. L’information est donc modifié par l’environnement interne et externe. Vous comprendrez ainsi que manger quelque chose que vous aimez dans la bonne humeur est salutaire pour votre digestion. A contrario il est déconseillé de manger des aliments que nous n’aimons pas ou lorsque nous sommes en colère ou sous la proie de sentiments négatifs.
Un cerveau à part entière
Nous entendons souvent ces temps-ci parler du système digestif comme d’un second cerveau. Je suis plutôt d’accord avec cette affirmation car celui-ci possède une grande quantité de neurones(sous forme de plexus) et produit des hormones que le cerveau utilise. Ce cerveau n’est pas un cerveau de la pensée bien que nous pouvons dire de quelqu’un qu’il pense avec le ventre mais ce serait plutôt un cerveau archaïque, instinctif. Il dénote bien ce rôle lorsque nous lui attribuons la peur ou le courage dans nos proverbes populaires: « Avoir la peur au ventre » ou « En avoir dans le ventre ». Ce rôle peut être confirmé par la sérotonine, une des hormones qu’il produit. En effet celle-ci est utilisée par notre « vrai » cerveau et a un rôle déterminant dans les phobies, le stress et les cas de dépressions.
Un moment intime
Le fait de manger est un acte très particulier. Si vous y réfléchissez c’est l’introduction de quelque chose qui n’est pas à nous, en nous, pour qu’il devienne nous. En effet, nos cellules n’ont malheureusement pas de CDI et sont toutes en CDD. C’est à dire qu’après un certain temps, elles sont remplacées par des nouvelles cellules construites à partir des matériaux que vous fournissez. Il suffit alors de penser qu’une partie de ce que vous mangez fera partie intégrante de votre organisme pour commencer à voir son alimentation différemment. L’alimentation est un sujet complexe et très dépendant des individus. L’alimentation permet de se nourrir mais elle peut aussi connoté un caractère affectif dans lequel l’alimentation vient comblé un vide. Il est de plus en plus fréquent dans notre société de manger par ennui, par manque de quelque chose plutôt que par faim.
L’alimentation
Le système digestif est un véritable centre de transformation et de triage. Il transforme les aliments pour qu’il soit assimilable et il trie également ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. L’intestin devient un véritable filtre qui ne laisse passer que les molécules adaptées et utiles à l’organisme. Cependant plusieurs facteurs peuvent modifier la taille du filtre et sur ce qu’il peut laisser passer. Ainsi nous savons les produits chimiques comme les additifs, les conservateurs, les pesticides peuvent passer et fragilisé ce filtre. Certains aliments comme l’excès de gluten (retrouvez dans beaucoup d’aliments modernes) et de produits laitiers augmentent ce que nous appelons la porosité de l’intestin favorisant des pathologies comme la maladie de Crohn, la colopathie fonctionnelle mais aussi la majorité des maladies dégénératives.
Un équilibre
Le corps n’aime pas les excès. Le pH du sang à 7 reflète bien cette neutralité, le corps n’aime pas quand c’est trop acide ou trop basique et il en est de même avec le reste. Trop sucrée, trop salée, trop de protéine, trop de gras, à chaque excès le corps doit fournir un effort pour se remettre dans l’équilibre. A long terme cet effort créer une fatigue et aussi une faiblesse face aux pathologies. Je ne peux que vous conseiller la modération face à votre alimentation et ne pas se mettre dans des interdits alimentaires. Il est sur qu’un excès de gras augmente le risque d’avoir certaines pathologies mais il faut savoir que le gras est essentiel pour certaines parties du corps. Par exemple son manque augmente les risques de dépressions, ce n’est pas pour rien que le fait de manger du gras est connoté à un acte festif. De la même façon l’excès de sucre augmente la nervosité et l’agressivité. Il provoque de véritable état de manque mais d’un autre côté il fait partie des moteurs de notre organisme. Les protéines augmentent les risques de gouttes et maladies articulaires mais il faut garder à l’esprit que même les grands singes mangent de temps en temps des œufs et des insectes.
Chacune des fonctions et caractéristique du système digestif se reflète sur le corps, soit localement au niveau des vertèbres et des viscères environnant soit de manière générale à travers la peau, les yeux et l’état de santé en général. Ce système n’est pas responsable de tout mais peut agir sur beaucoup de choses.
La notion de point faible
Lors de mes consultations je pose très fréquemment des questions sur l’alimentation et le système digestif. Je suis souvent confronté à des patients qui mangent tout et n’importe quoi et qui ne souffrent aucunement et d’autres qui font très attention à leur alimentation et qui pourtant souffrent du ventre. Cette inégalité me frappa à l’époque et je ne comprenais pas pourquoi. Ce n’est que lors d’une formation que j’ai pu mieux comprendre ce phénomène.
Tout le monde possède une zone plus fragile que d’autres, une sorte de point faible. En fonction de la croissance, de l’environnement et de l’hérédité, une zone semble être plus fragile que les autres. C’est souvent sur cette zone que ce manifeste les maladies, les inflammations mais aussi le stress. Lorsqu’on interroge les personnes : où se manifestent leur stress, on peut être surpris par la réponse. Cela peut être au niveau du ventre mais cela peut tout aussi bien être au niveau du thorax, des épaules, des joues, cela ne dépend que de la personne. Il s’avère que les personnes ayant rapidement des gênes abdominales somatisent leur stress au niveau du ventre. Cela peut être des douleurs, des ballonnements ou des diarrhées, quoiqu’il en soit la zone est en ébullition, elle sur-réagit. Au contraire, les personnes pouvant tout manger sans problème ont soit peu de stress de manière générale soit ils le ressentent sur une autre zone comme la poitrine. La zone abdominale réagit beaucoup moins pour une stimulation similaire.
Cela peut se ressentir lors de la palpation. Chez les personnes somatisant au niveau du ventre, celui-ci est plus tendu et moins souple. On peut également remarquer que ces personnes respirent plus avec le thorax et oubli leur abdomen qui est souvent rentré.
L’ostéopathe, en travaillant sur les viscères et les muscles, va venir détendre la zone et diminuer la réaction lors d’un stress. Le stress s’en ressentira moins et les symptômes abdominaux diminueront également. La méthode Furter est également une approche intéressante car elle permet de se concentré sur une zone précise.
Silence, ça digère !
Un médecin du début du XXème siècle, René Lerich disait:
« La santé, c’est la vie dans le silence des organes »
Par cette phrase, nous pouvons comprendre que la santé est l’absence de symptômes ou de sensations négatives émanent de notre corps. Si vous y réfléchissez, c’est tout simplement manger un repas sans avoir à sentir une lourdeur, sans avoir de ballonnements. C’est pouvoir passer un entretien d’embauche ou un examen sans avoir de boule à l’estomac ou à la gorge, sans devoir aller au toilette en urgence. Faire une activité physique sans avoir une tendinite ou des courbatures de 3 jours. Mais combien d’entre nous ressente ces gênes sans rechercher à comprendre l’apparition de tel signaux et à réagir en conséquence ?
Seulement voila, depuis des années, la médecine ne recherche que des pathologies, des maladies avec des symptômes déjà lourd. Mais le problème c’est que la maladie arrive jamais d’un coup (outre les maladies infectieuses). Les maladies d’aujourd’hui sont des maladies chronique qui s’insinuent de façon lente et progressive. Souvent, la médecine ne s’intéresse qu’au cas où la maladie est déjà organique c’est à dire les cas où la maladie a déjà abimé l’organe. Elle passe à côté des douleurs et symptômes fonctionnelles, mis régulièrement sur le compte du psy, qui à terme risque d’abimer les organes et donner des pathologies dites organiques. La prévention passe par l’écoute des symptômes réguliers aussi petit soit-il. Cela passe également par le patient qui doit s’écouter et ne pas ignorer les gênes ou les douleurs qui se présentes à lui.