Les maux de dos sont des problèmes récurrent et très fréquent au sein de la population. 7 à 8 personnes sur 10 risquent de souffrir au moins une fois dans leur vie de douleurs 1. Nous avons vu récemment que les manipulations vertébrales c’est à dire les techniques rapides qui font souvent « craquer » les vertèbres apportent uniquement un soulagement modeste des douleurs.
Qu’en est-il des médicaments dit « antalgique », ceux qui soulagent la douleur ? Ces médicaments, souvent en vente libre sans prescription médicale, sont les premiers utilisés en auto-médication lors des crises douloureuses. Ont-ils un effet sur les maux de dos ? Sont-il anodins ?
Récemment, des études ont rassemblé des informations concernant l’efficacité sur les douleurs du dos dite « simple » (sans pathologie type hernie discale) du paracétamol, des opioïdes ainsi que des anti-inflammatoire non stéroidiens (AINS).
Le Paracétamol
C’est le médicament le plus utilisé au monde. C’est un anti-douleur ainsi qu’un anti-fièvre. Il présente cependant une certaine toxicité hépatique (foie). Il est en vente libre sans ordonnance et est donc un des premiers choix lors d’une crise douloureuse.
Une méta-analyse sur les effets du paracétamol sur les douleurs du dos a été réalisé en 20152. Cette étude a inclus 12 rapports totalisant 5366 personnes testées. Les résultats montrent une inefficacité clinique du paracétamol sur les douleurs du dos. Le prise de paracétamol ne soulage pas plus la douleur que la prise d’un placebo. Le paracétamol n’a pas provoqué plus d’effets secondaires que le placebo dans une prise à court terme. Cependant, le risque d’obtenir des résultats anormaux de la fonction hépatique est multiplié par 4. Cela peut s’expliquer par le filtrage du médicament qui s’effectue par le foie. Je rappelle que la dose maximal de paracétamol par jour est de 4g chez l’adulte (sauf prescription médicale). C’est un médicament à ne pas prendre à la légère car sa surdose est une importante cause d’insuffisance hépatique aiguë3.
Les Opioïdes
Ce sont les médicaments dont les effets sont proche à ceux de l’opium sans y être apparenté. Ce sont des antalgiques de pallier 2, ils sont donnés pour des douleurs modérées. Nous pouvons citer le Tradamadol et la Codéine qui sont les opioïdes les plus connus.
Une méta-analyse incluant 20 essais totalisant 7295 participants a étudié l’efficacité des opioïdes dans les douleurs du bas du dos4 (lombalgie). L’étude montre un soulagement des douleurs chroniques à court terme. Les effets du traitements sont faibles et ce même a un dosage important, restant en dessous du seuil d’importance clinique(descendre de 2 points sur l’échelle de la douleur : 0-10). L’effet sur la mobilité est incertain.
Les Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Ce sont les médicaments permettant de stopper l’inflammation. Ces médicaments sont aussi antipyrétique et antalgique. Nous pouvons citer l’aspirine et l’ibuprofène qui sont les plus connus.
Une méta-analyse a été effectuée par une équipe de chercheurs pour comprendre l’effet des anti-inflammatoire non stéroïdien sur les douleurs de la colonne vertébrale5. Ils ont pu inclure 35 études (soit 6065 participants), portant sur les douleurs du dos, que ce soit au niveau du cou, du bas du dos ou des sciatiques. Les résultats montrent que les AINS sont efficaces pour réduire la douleur et améliorer le mouvement. Cependant, les cas ou l’effet du traitement dépasse l’effet du placebo sont peu nombreux et cliniquement peu important. De plus, les patients recevant des AINS avaient 2,5 fois plus de probabilité de ressentir des effets secondaires tels que des douleurs gastriques.
Les auteurs concluent que les anti-inflammatoires non stéroïdiens ,comparés au placebo, n’apportent pas d’effet cliniquement important. Une personne sur 6 ,seulement, a des effets bénéfiques important sur le court terme.
Prendre des avis
Lorsque l’on regarde les médicaments les plus souvent utilisés contre les maux de dos, les résultats semblent montrer que des effets cliniques mineurs avec parfois des effets indésirables. Face à ses résultats, je ne peux que vous conseiller d’éviter l’auto-médication et de prendre un avis médical lorsque vos problèmes de dos surviennent. De plus, les problèmes de dos peuvent avoir des origines très diverses tels que les discopathies, les pathologies rénales, etc. Des causes auxquelles on ne pense pas toujours.
Pour finir, je ne dis pas que ces médicaments sont inutiles ou ne fonctionnent pas dans les problèmes de dos. Ces études montrent juste que dans les cas de douleurs sans pathologies sous-jacente suspectées ou diagnostiquées, ces médicaments apportent une qu’une aide limitée. En revanche, elles ne montrent pas les effets de ces médicaments dans les cas où une pathologie est déclarée comme une discopathie.
Sources
Photo d’entête par freestocks.org sur Unsplash