La migraine
La migraine est un mal de tête. Touchant plus de 12%1 de la population française et majoritairement les femmes, nous allons nous pencher plus en détail sur ces migraines qui nous rendent la vie plus dur. Dans cet article, nous allons voir ensemble les différentes caractéristiques de la migraine et ce que l’ostéopathie peut faire pour vous.
Qu’est-ce que la migraine ?
Comme dit plus haut, la migraine est un mal de tête, survenant principalement sur un côté du crâne. Elle touche majoritairement les femmes et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas toujours une fois dans le lit. Évoluant par crise et pouvant durées plus de 2 jours, elles peuvent devenir vraiment handicapante dans certains cas.
Des noms
Un nom plus complexe est donné lorsque les migraines prennent un schéma particulier. Ainsi on parlera de migraine:
- Avec aura : lorsque la migraine est précédée d’une aura, sorte de trouble visuel.
- ophtalmique : si les symptômes touchent également l’œil.
- cataméniale: lorsque la migraine survient pendant les règles chez la femme.
Une céphalée
La migraine fait partie du groupe des céphalées. Ce terme, souvent employé par les médecins, désigne tout simplement les douleurs de crâne. Pour vous en souvenir, notez la racine « cephal » qui indique un rapport avec la tête: les céphalopodes comme les pieuvres sont des êtres qui marchent sur la tête.
Un peu d’anatomie
L’anatomie va nous permettre de mieux comprendre certaines douleurs et c’est toujours intéressant de voir comment on est construit.
Des couches
Pour visualiser les différentes structures présentes au niveau du crâne, nous allons partir de la superficie à la profondeur.
Comme vous pouvez le voir, la surface du corps est organisée en couche un peu comme un oignon.
La surface est bien évidemment la peau. Ensuite plusieurs couches :
- tissu sous-cutané : zone sous la peau, richement vascularisée où passe des nerfs sous-cutanés.
- aponévrose épicrânienne : tissu fibreux servant principalement de support et de cloisonnement. Ici cette aponévrose sert d’insertion aux muscles frontal et occipital.
- péricrâne : plus proche de l’os, ce tissu est encore plus dense que l’aponévrose. C’est la partie externe du périoste.
- Os crânien. Ces os sont reliés entre eux par des « sutures », un type d’articulation. Vous pouvez voir sur l’image ci-dessus une suture au milieu de la couche osseuse. Ces articulations sont classiquement admis non mobile par la médecine.
- dure-mère : membrane fibreuse dense et rigide entourant le cerveau et la moelle épinière. Elle rempli un rôle de support mais aussi de vascularisation grâce au passage de sang veineux dans ces sinus (trou, cavité)..
- arachnoïde : petites araignées situées dans le … non je blague, c’est une enveloppe fine entourant le cerveau et la moelle épinière. Son nom provient de sa forme, très proche d’une toile d’araignée.
- pie-mère : elle suit étroitement les reliefs du cerveau. Elle a un rôle nourricier et protecteur.
Des zones de sensibilités
Comme chaque région du corps, la tête dispose d’une cartographie de la sensibilité. Cette carte est régie par des nerfs sensitifs qui transmettent les différents stimuli au cerveau. Ainsi, si on vous touche sur la région mentonnière, c’est le nerf mentonnier qui sera stimulé.
Sur cette image, 4 zones nous intéressent pour la migraine:
- mandibulaire : (en jaune) partant du menton à la partie avant de l’oreille.
- maxillaire : (en rouge) partant de la mâchoire supérieure à la tempe.
- ophtalmique : (en vert) du nez au haut du crâne en passant par l’œil et le front.
- postérieure : (en bleu) de la nuque au haut du crâne.
Les zones mandibulaire, maxillaire et ophtalmique proviennent d’un nerf crânien : le n.trijumeau. La zone postérieure quant à elle provient des nerfs cervicaux.
Notez également les zones d’émergences des différents nerfs. Elles correspondent à des points utilisés dans l’acupuncture, le shiatsu ou encore les points de Knap.
Des muscles
Comme chaque région du corps, des muscles sont présents. Souvent associés aux douleurs qui serrent, ils peuvent être une piste dans les cas de maux de tête répétés.
Nous avons vu juste plus haut les zones de sensibilités avec les différentes émergences de nerfs. Nous allons donc nous intéresser aux différents muscles qui peuvent influer sur ces nerfs.
Le muscle occipito-frontal
Sur l’image ci-dessus, vous pouvez voir le muscle occipital et frontal. Ces 2 muscles bien que séparés, sont unis par l’aponévrose épicrânienne qui leur sert d’insertion. Notez la grande présence de nerfs sensitifs même au niveau de l’aponévrose.
Le muscle trapèze
Bien que beaucoup plus éloigné, ce muscle s’insert sur la base arrière du crâne au niveau de la nuque. Ce muscle est souvent incriminé dans les raideurs de nuque, un symptôme souvent présent dans les migraines.
Le muscle temporal
Un muscle puissant dont la fonction essentielle est la mastication (serrer les mâchoires). Notez les différents nerfs circulant aux alentours et sa proximité avec la tempe.
Les symptômes de la migraine
Les symptômes de la migraine sont variables. Évoluant par crises, elle touche souvent un côté du crâne et est associée à des troubles annexes comme des nausées, aura, etc.
L’aura
Pas toujours présente, l’aura est essentiellement un trouble visuel. Elle est souvent annonciatrice d’une crise migraineuse. Elle se manifeste par des stries lumineuses, des halos, des « trous » dans la vision. Parfois, elle est associée à des sensations de picotements et de fourmillement au niveau du visage.
Des douleurs
La migraine donne plusieurs type de douleurs. Vous pouvez ressentir une:
- douleur pulsatile aux tempes
- barre au niveau du front
- forte raideur de nuque
- douleur en casque (partant de la nuque au front) à droite ou à gauche allant parfois jusqu’à l’œil.
- douleur dans la région de l’œil
La douleur peut être ressenti comme des pulsations, des brûlures, une sensation d’avoir la tête dans un étau (quelque chose qui serre le crâne).
Des troubles annexes
La migraine se caractérise des autres maux de tête par la présence d’autres symptômes, tous aussi gênant que la douleur.
Ainsi, la migraine est souvent associée à des :
- nausées
- vertiges
- vomissements
- sensations de chaud et froid
- maux de ventre
Elle provoque également une hypersensibilité à la lumière et au bruit. Vous vous sentirez mieux dans une pièce sombre et silencieuse.
L’ensemble de ces symptômes (souvent très désagréable) créent également une fatigue et une certaine irritabilité.
Les causes de la migraine
La cause exacte des migraines est inconnue. Plusieurs facteurs semblent cependant influencer l’apparition de ces céphalées.
Hérédité
Comme dans chaque pathologie sans cause connue, les facteurs génétiques sont mis sur la table. Les migraines sont souvent familiales avec un ou plusieurs membres de la famille concernés.
Hormones
La migraine touchant principalement les femmes, les facteurs hormonaux sont également mis en cause. En effet, il existe une certaine relation entre crises migraineuses et le cycle hormonale chez la femme. Le nom de migraine cataméniale a même été donner lorsqu’elle survient pendant la menstruation. De plus, ces crises semblent s’atténuer pendant la grossesse et après la ménopause incriminant une relation hormones/migraines.
Voyons les facteurs provoquant les crises migraineuses. Ces facteurs peuvent nous indiquer les différentes structures mises en jeu lors de l’apparition de la migraine.
Environnement extérieur
Il est admis que certains facteurs extérieurs favorisent l’apparition d’une crise migraineuse.
- alimentation : le chocolat et le vin blanc semble être les aliments les plus souvent cités. Serait-ce une mauvaise digestion la cause des migraines ou les ingrédients contenus dans ces produits ? Les études questionnent encore cette relation chocolat/migraine.
- météo : les orages, le vent et autres changements climatiques sont souvent mis en cause. Serait-ce la crispation des muscles lors d’un vent froid, l’augmentation de la pression atmosphérique avant la survenue d’un orage ?
- luminosité/bruits : Ce sont des causes mais également des facteurs aggravants de la migraine. Ces stimuli sont reçus par l’œil et l’oreille, deux récepteurs impliqués dans les douleurs migraineuses.
Environnement intérieur
anxiété/stress : incriminé dans plusieurs pathologie comme l’eczéma, le stress agit directement sur le système nerveux autonome, notre pilote automatique. Via ce système, l’anxiété agit sur plusieurs organes du corps comme le cœur, les poumons, mais aussi sur les hormones.
mécanique: les raideurs de nuque semblent montrer une augmentation de la tension des structures musculaires au niveau des cervicales. Ces tensions peuvent être due au stress, au plan de travail, état des cervicales. Ces raideurs peuvent aussi être due à une déshydratation comme dans la gueule de bois.
Les traitements de la migraine
Le traitement de la migraine est essentiellement pharmacologique.
Lors d’une crise de migraine, ce traitement repose sur la prise d’antalgique de niveau 1 comme le paracétamol ou l’aspirine. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens sont souvent utilisés.
Il existe également des anti-migraineux, ce sont souvent des Triptans. Ces médicament mime l’action de la sérotonine et provoque une contraction des vaisseaux sanguins du crâne.
Attention ! Certains de ces médicaments sont en vente libre cependant je vous conseille fortement de ne pas en abuser. Ils peuvent être toxique à dose régulière ou provoquer des troubles digestifs. Ce sont également de possible facteurs pour l’apparition des migraines2 (je rigole pas). Consultez votre médecin dès que vos maux de tête deviennent fréquent et évitez l’auto-médication.
L’ostéopathie contre les migraines ?
L’ostéopathie peut beaucoup vous aider dans les migraines mais cela dépend de la cause. En effet, si la cause est héréditaire, l’ostéopathe va éprouvé quelques difficultés dans la correction des gênes. Cependant, là où l’ostéopathie peut briller, c’est dans le traitement des structures musculaires/aponévrotiques, dans l’amélioration de la mobilité cervicale et des plans de glissement viscéraux. Et nous allons voir ensemble que les cervicales et les muscles ont une plus grande influence que vous le pensez.
Des interrupteurs
Comme vous avez pu le voir dans notre petit rappel anatomique, la peau est parsemée de nerfs sensitifs et moteurs. Ces nerfs émergent souvent de foramens(trous) osseux et cheminent entre les muscles. Ils peuvent être donc soumis à des contraintes qui peuvent les irriter et augmenter leur sensibilité aux différents stimuli. Beaucoup de méthodes de traitements manuels ont cartographiés ces zones et crées des points comme l’acupuncture, le shiatsu, les points triggers, les points de Knap, etc. Cela explique en partie la similitude des points entre toutes ces méthodes.
Pourquoi ces points sont si intéressant ?
Notamment pour leur influence loco-régionale. Voyez-vous, lorsque tout va bien, ces points sont légèrement plus sensible mais pas douloureux ou gênant. Dès qu’ils deviennent hypersensibles, ces zones deviennent de vrais interrupteurs. Ils peuvent créer des symptômes aussi divers que variés allant de la simple douleur, aux vertiges en passant par des vomissements, maux de tête et douleurs oculaires.
Le cas du Trapèze dans les migraines
Le muscle trapèze est un muscle situé entre la tête et les épaules. Il est , selon moi, un des muscles les plus importants à vérifier lors des maux de tête/migraines. Malgré la distance de ce muscle par rapport aux symptômes, il peut un jouer un rôle décisif dans leurs apparitions. En outre, pendant mes consultations, sa stimulation chez certains patients recrée différents symptômes:
- douleur locale
- parfois une douleur se déplaçant en casque jusqu’à l’œil
- parfois juste une douleur au niveau de l’œil ou du front
- nausées
- vomissements
- vomissements avec maux de tête
- vertiges
- douleurs dentaires
Ces symptômes sont souvent à l’identique des crises mais à la grande différence où ils disparaissent dès que la stimulation est stoppée. Il s’agirait presque d’un véritable interrupteur.
L’ostéopathe grâce à toutes ces techniques, peut aisément réduire la tension du muscle concerné et diminuer son impact sur vos migraines. La méthode Furter, grâce à son effet sur les muscles peut également apporter un soulagement important dans la zone.
Des douleurs d’origine cervicale
Les vertèbres cervicales sont souvent incriminées dans les raideurs du cou, certains maux de tête et même des vertiges. Ce n’est pas surprenant sachant que la colonne cervicale est celle qui souffre le plus d’arthrose, une maladie de la personne âgée qui débute dès 30 ans dans cette région.
Sur ce schéma vous pouvez voir les différents muscles de la nuque ainsi que les différents nerfs qui les côtoient. Notez les différentes émergences notamment des nerfs petit et grand occipital.
La névralgie d’Arnold
C’est une atteinte provoquant une douleur en casque de la nuque au front et touchant parfois l’œil. C sont des douleurs très proche de certaines migraines. Il s’agit de l’atteinte du nerf d’Arnold appelé également n. grand occipital (cf schéma).
Des problèmes cervicaux comme de l’arthrose ou des discopathies peuvent provoquer des irritations de ce nerf et créer des symptômes. Le travail de l’ostéopathe sera de venir détendre les différentes structures de la nuque tels que les muscles et les aponévroses pour diminuer les douleurs.
Une tension musculo-aponévrotique
Dès lors qu’il s’agit d’une douleur qui serre, les muscles et les aponévroses sont les premiers suspects. Au niveau du crâne, c’est le muscle occipito-frontal avec son aponévrose qui est le plus souvent incriminé (voir rappel anatomique). Imaginez vous qu’une structure fibreuse reliant l’arrière du crâne au front se retrouve tendue, un peu comme un élastique.
Rajoutez des nerfs sensitifs parcourant cette structure et vous pouvez comprendre comment ce muscle occipito-frontal peut créer des symptômes douloureux sur l’ensemble du crâne. Bien évidemment, ce muscle peut être tendu que sur une zone, frontal ou occipital.
Une origine viscérale
L’abdomen et votre système digestif peuvent avoir une influence sur vos migraines. Le système digestif est directement relié à votre crâne grâce au nerf X (ou nerf vague). Ce nerf est garant de l’information circulant entre le cerveau et une grande partie des organes du thorax et de l’abdomen dont les poumons, le cœur, les intestins, le foie, etc. L’information circule dans les deux sens, ce qui implique que des désordres fonctionnels d’un côté peuvent influencer l’autre.
Ce n’est pas tout. Les Triptans, des anti-migraineux, miment l’effet de la sérotonine pour créer une vasoconstriction des vaisseaux sanguin du crâne. Figurez vous que la sérotonine est crée en bonne partie (95%) au niveau des intestins. Votre migraine pourrait en réalité toucher votre second cerveau.
L’ostéopathe peut améliorer l’état de votre système digestif en agissant sur les différents plans de glissement. Les intestins ainsi que les autres organes, ont besoin de mobilité pour effectuer leur travail. Des adhérences peuvent parfois se mettre en place et perturber la fonction digestive. Le but ici est de les libérer de différentes contraintes qu’ils peuvent subir.
Conseils pour limiter la crise migraineuse
- Si la lumière vous gêne, essayez de trouver un endroit sombre et calme
- Buvez plus d’eau, essayez de boire au moins 1L d’eau. La faible consommation d’eau régulière peut provoquer différents symptômes.
- Pour ménager votre système digestif, évitez les produits laitiers, l’alcool, le café et les sucres.
- Utilisez le chaud et le froid. Essayez différents endroits pour voir ce qui vous soulage le plus. Une bouillotte chaude sur le ventre, la nuque ou les épaules peut avoir des effets incroyables. Vous pouvez également utiliser les principes de la thermothérapie en fonction de vos symptômes.
- N’hésitez pas à tenir un journal avec les informations sur les conditions d’apparitions de la migraine, la location, ce qui soulage. Une bonne application mobile est disponible pour permettre ce suivi, cela peut être utile pour voir l’évolution.
- Faites régulièrement des massages, que ce soit des massages détentes ou des massages plus costaud comme le shiatsu ou les points de Knap. Moins vous aurez de tensions, mieux ce sera pour votre état général.
Les études scientifiques sur la migraine
Voyons ensemble les différentes études qui ont été réalisées sur la migraine et ce qu’elles peuvent nous apporter.
Migraine et chocolat
Une étude3 réalisée en 2014 portant sur l’analyse de la relation chocolat/migraine montre que le chocolat ne serait qu’un facteur secondaire pour les migraines. En effet, dans le pire des cas, la prise de chocolat déclenchait 2 à 3 fois moins de migraine que d’autres facteurs tels que le stress, l’alcool ou le manque de sommeil. Dans les études en triple-aveugle, le chocolat serait équivalent a un placebo.
Mieux encore, l’article montre également que certaines études semblent converger vers une action positive du cacao sur le système nerveux en prévenant les inflammations.
L’article conclut finalement que le rôle négatif du chocolat sur les migraines provient essentiellement des croyances populaires et non d’études.